A l’heure où je referme le dernier roman d’Alexandra Lapierre, « Moura, la mémoire incendiée », j’ai envie de partager avec vous l’enthousiasme d’une découverte. Jamais je n’avais entendu parler de cette femme avant, et pourtant Moura Budberg a déjà inspiré d’autres écrivains et non des moindres, puisque Nina Berberova en personne a écrit sa biographie. Car la vie de Moura fut un roman, un vrai, avec son cortège de drames, de passions et de trahisons. Prise dans le tourbillon de l’histoire, celle qui était née Maria Ignatievna Zakrevskaïa en 1892 à Saint-Pétersbourg côtoya notamment Maxime Gorki et H.G. Wells, deux immenses écrivains dont elle fut l’amante et la muse, avant de s’éteindre à Londres en 1974.
Alexandra Lapierre a le don de vous embarquer, et à chaque fois je me laisse faire avec un plaisir infini. De La Lionne du Boulevard à L’Excessive, j’ai adoré découvrir sous sa plume le destin de femmes d’exception, libres et audacieuses. Son dernier roman ne fait pas exception et vous entraîne, de la Russie à l’Estonie, de Berlin à Londres en passant par Sorrente, dans une course éperdue.
Fille d’un sénateur de l’empire russe, Maria (dite Moura) Zakrevskaïa est née à Saint
– Pétersbourg en 1892. Elle passe une enfance dorée entre la Russie et l’Ukraine, avant d’épouser en 1911 Johann von Benckendorff, un diplomate germano-balte, à l’âge de 19 ans. Quand éclate la Révolution russe, la jeune femme se trouve projetée dans le tourbillon de l’histoire. Je ne veux pas en dire plus ici, ce serait dommage, laissons le suspense opérer ! Visiblement fascinée par son sujet, Alexandra Lapierre ne juge pas Moura, elle la suit pas à pas, nous fait partager ses doutes, ses angoisses, ses combats aussi. On est tour à tour désemparé, voire horrifié, par ce qui arrive à la jeune femme, mais aussi admiratif de la façon dont elle sort victorieuse des épreuves qu’elle traverse. Espionne, femme adultère, mauvaise mère, dame de petite vertu : les qualificatifs n’ont pas manqué dans la bouche de ceux que le personnage dérangeait. Car ce qui caractérisait avant tout Moura, c’était son indépendance viscérale et la liberté qu’elle a revendiquée, tout au long de sa vie, au détriment de son confort moral et matériel. Une femme moderne dans un monde qui ne l’était pas encore. Un destin hors du commun.
Alexandra Lapierre
Moura. La mémoire incendiée
Flammarion, 2016
Pour découvrir les premières pages du roman, c’est par ici…